Notre-Dame de Quelven

Dans le Morbihan, la chapelle Notre-Dame de Quelven à Guern, est un joyau de l’architecture religieuse locale et un haut lieu de pèlerinage. Elle fut également à l’origine d’un voyage bien singulier…

Le 22 février 1837, la tour de la chapelle s'effondre. L'accident est dû à un défaut de construction, que la pose de deux énormes cloches en 1835 n’a fait qu’accentuer. Heureusement, aucune victime n'est à déplorer.

Pour le conseil municipal de Guern, une véritable course aux financements commence. Le vote d'une imposition exceptionnelle, le don financier du conseil de fabrique et des souscriptions volontaires ne suffisent pas à dégager suffisamment de fonds pour lancer la reconstruction de la tour.

Le maire Joseph Le Cam sollicite alors le secours financier du roi Louis-Philippe Ier. Sa demande est accueillie favorablement. Invité à Paris en juillet 1837, il se présente devant le roi en costume breton de « Mouton-Blanc » et déjeune trois jours plus tard à la table royale où il se fait servir… des crêpes ! Son séjour à la capitale, mettant la Bretagne à l’honneur, lui permet d'obtenir une aide financière de 36 000 francs.

En guise de reconnaissance, il attend le retour du printemps en mars 1838 pour adresser au roi… des crêpes bretonnes et du cidre ! Soucieux que son geste soit apprécié, il expose dans un brouillon de lettre les raisons de cet envoi qu’il juge tardif : « Je n’ai pu les expédier plutôt car comme la saison d’hiver a été très froide je craignois quelles ne gelasses auparavant d’arriver (sic) ». Et d’ajouter quelques conseils culinaires, si jamais elles venaient à s’abîmer pendant le trajet « il faudroit les couper par petites pièces et les passer au beurre dans une poêle et les laisser un peu rissoler, ou même les mettre entière dans la poêle ayant fait fondre un peu de beurre auparavant de les mettre et de les y tourner et retourner (sic) ».

La pose de la première pierre a lieu le 16 mai 1841 en présence du roi Louis-Philippe Ier. Un contentieux avec l’entrepreneur entraîne la suspension des travaux dès 1843 et il faut attendre 1852 pour qu’ils reprennent. Les finances faisant encore défaut, Joseph Le Cam retourne à la capitale. Cette fois, c’est à l’Élysée qu’il se rend, toujours vêtu de son costume breton, pour un déjeuner avec le président de la République Louis-Napoléon-Bonaparte. À l’issue de l’entrevue, 30 000 francs lui sont octroyés.

Manque d’argent, non-respect du plan, contentieux avec les artisans ralentissent considérablement le chantier. Au moins trois architectes et trois entrepreneurs se succèdent pour en venir à bout en 1862.

Le conseil municipal de Guern fit voter en 1838 et 1852 la pose de deux plaques.

« L’an 1838, sous le Règne de Louis-Philippe Ier, cette tour a été reconstruite au moyen des fonds accordés par le Roi, la Reine, le Duc d’Orléans, la princesse Adélaïde et le gouvernement, des sacrifices faits par la commune et des offrandes des fidèles ».

« L’an mil huit cent cinquante-deux, S.A.S. le prince Louis-Napoléon-Bonaparte étant Président de la République, les travaux de cette tour ont été recommencés au moyen des fonds accordés par le Prince et son Gouvernement ».

Les voyages à Paris de Joseph Le Cam firent également l’objet d’une chanson populaire découverte à Saint-Barthélemy en 1884.

Sources consultées :

  • 3 ES 76 / 94 : Guern. – Biens communaux : chapelle Notre-Dame de Quelven
  • Floquet, Charles. Guern au cours des siècles. Spezet : Imp. Keltia Graphic, 1992. 192 p.
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