On observe un regain d’intérêt pour cet ouvrage d’art dans la deuxième moitié du 20e siècle. En 1983, le Centre d'Études et de Recherches Archéologiques du Morbihan (CERAM) entreprend de nouvelles études avec pour objectif de vérifier l’existence et l’état des vestiges décrits par G. de Closmadeuc. P. André et F. Bougis mènent alors des recherches documentaires et archéologiques. Une équipe de plongeurs est également mise à contribution.
De 2000 à 2004, une nouvelle équipe est mobilisée, supervisée par E. Philippe, A. Provost et B. Leprêtre. Forte de son expérience acquise lors de l’étude de l’aqueduc gallo-romain de Carhaix quelques années auparavant, elle concentre ses recherches sur le tracé du pont-aqueduc et mène des sondages sur les deux rives. Les spécialistes proposent également une datation de l’ouvrage grâce à l’étude de deux fragments de poutres prélevés au 19e siècle et présents dans les collections de la Société Polymathique du Morbihan. Leur analyse dendrochronologique1 permet aux chercheurs d’estimer la phase d’abattage des arbres et de construction du pont dans le premier quart du IIe siècle de notre ère, soit entre 100 et 125. Les résultats de ces recherches soulèvent également de nouveaux mystères. Si des travaux préparatoires à la construction du tracé de l’aqueduc ont bien été entrepris en aval, ces opérations révèlent également un arrêt définitif du chantier avant la mise en place des canalisations… Comment expliquer une telle interruption ?
Les archéologues avancent différentes hypothèses. Il est tout d’abord connu que les Vénètes ont rencontré des difficultés financières au 2e siècle. Une inscription découverte à Sens dans l’Yonne mentionne d’ailleurs la nomination d’un curateur de la cité des Vénètes. Or un aqueduc est alors la construction qui coûte le plus cher dans le monde romain… Il faut donc d’importants moyens pour le construire et l’entretenir. D’autres hypothèses évoquent un changement d’ordre politique ou encore des difficultés techniques.
Ces différents travaux et la connaissance des techniques de construction romaine permettent aujourd’hui de proposer une restitution de cet aqueduc. En 2019, l’association Arkheo d’Auray s’associe à la Société Polymathique du Morbihan et réalise une reconstitution numérique hypothétique du « Pont de César » rendant ce patrimoine peu visible bien plus tangible. Cette synthèse des connaissances nous permet d’imaginer un pont-aqueduc d’environ 14 m de hauteur qui se développait sur 440 m de longueur, si l’on comprend les deux ouvrages d’accès situés sur les rives.